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LE BOSSU.

deux choses l’une : ou le chevalier de Lagardère est ressuscité, ce qui me paraît invraisemblable, ou cette lettre est un faux, fabriqué par quelque coquin pour nuire à deux honnêtes gens… J’ai dit.

— Je craindrais d’ajouter un seul mot, dit frère Passepoil, tant mon noble ami a rendu éloquemment ma pensée.

— Vous ne serez pas punis, prononça Gonzague d’un air distrait ; éloignez-vous !

Ils n’eurent garde de bouger.

— Monseigneur ne nous a pas compris ! fit Cocardasse avec dignité.

Le Normand ajouta, la main sur son cœur :

— Nous n’avons pas mérité d’être ainsi méconnus !

— Vous serez payés !… fit Gonzague impatienté, que voulez-vous de plus ?…

— Ce que nous voulons, monseigneur !… c’était Cocardasse qui parlait et il avait dans la voix ce tremblement qui vient du cœur, ce que nous voulons, c’est la preuve pleine et entière de notre innocence !… As pas pur ! je vois que vous ne savez pas à qui vous avez affaire !

— Non ! dit Passepoil qui avait les larmes aux yeux tout naturellement et par infirmité, non !… oh ! non !… vous ne le savez pas !