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LE BOSSU.

Dona Cruz était debout, la tête rejetée en arrière, la bouche béante, les yeux fixes.

— Par le ciel ! s’écria Navailles, — voilà qui tient du miracle.

— Chut !… regardez !… l’autre semble attirée comme par un irrésistible pouvoir.

— Le bossu a un talisman… un charme…

Nivelle seule donnait un nom au charme et au talisman… Cette jolie fille, immuable en ses opinions, croyait au surnaturel pouvoir des actions bleues.

C’était vrai, ce que l’on disait derrière la porte, — Aurore se penchait, comme malgré elle, vers la voix qui l’appelait.

— Je rêve !… Je rêve !… balbutia-t-elle parmi ses sanglots ; — c’est affreux… je sais qu’il n’est plus !

— Aurore ! répéta le bossu pour la troisième fois.

Et comme dona Cruz allait ouvrir la bouche, il lui imposa silence d’un geste impérieux.

— Ne tournez pas la tête, reprit-il doucement en s’adressant à mademoiselle de Nevers ; — nous sommes ici au bord même de l’abîme… un mouvement… un geste… tout est perdu !

Dona Cruz fut obligée de s’asseoir auprès d’Aurore. Ses jambes chancelaient.