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LE BOSSU.

— Des années se passèrent, poursuivit Gonzague, — et remarquez que ce Lagardère n’essaya jamais de faire parvenir à la veuve de Nevers ni une lettre ni un message.

Faënza, qui était un homme adroit et que j’avais envoyé à Madrid pour surveiller le ravisseur, revint et me fit un rapport bizarre sur lequel j’appelle spécialement l’attention de Votre Altesse Royale.

Lagardère, qui, à Madrid, s’appelait don Luiz, avait troqué sa captive contre une jeune fille que lui avaient cédée à prix d’argent les gitanos du Léon. Lagardère avait peur de moi ; il me sentait sur sa piste et voulait me donner le change. La gitanita fut élevée chez lui, à dater de ce moment, tandis que la véritable héritière de Nevers, enlevée par les Bohémiens, vivait avec eux sous la tente.

Je doutai. Ce fut la cause de mon premier voyage à Madrid. Je m’abouchai avec les gitanos dans les gorges du mont Balandron et j’acquis la certitude que Faënza ne m’avait point trompé.

Je vis la jeune fille dont les souvenirs étaient en ce temps-là tout frais. Toutes mes mesures furent prises pour nous emparer d’elle et la ramener en France. Elle était bien joyeuse à l’idée de revoir sa mère.