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LE BOSSU.

Altesse Royale voyageait avec moi en Italie… Croyez-moi, ne dépassez pas certaine limite au-dessous de laquelle l’infamie arrive à l’absurde et ne mérite que le dédain, quand même elle passe par la bouche d’un puissant prince… Peyrolles m’a dit ce matin : On a fait serment de vous perdre… on a parlé à Son Altesse Royale de telle sorte que toutes les vieilles accusations portées contre l’Italie vont retomber sur vous… Vous serez un Borgia… Les pêches empoisonnées, les fleurs au calice desquelles on a introduit la mortelle aqua-tofana…

Monseigneur, s’interrompit ici Gonzague, si vous avez besoin d’un plaidoyer pour m’absoudre, condamnez-moi, car le dégoût me ferme la bouche… Je me résume et vous laisse en face de ces trois faits : Lagardère est entre les mains de votre justice ; les deux jeunes filles sont auprès de la princesse ; je possède les pages arrachées au registre de la chapelle de Caylus… Vous êtes le chef de l’État… avec ces éléments, la découverte de la vérité devient si aisée, que je ne puis me défendre d’un sentiment d’orgueil en me disant : c’est moi qui ai fait la lumière dans ces ténèbres.

— La vérité sera découverte, en effet, dit le régent ; c’est moi-même qui présiderai ce soir le tribunal de famille.