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LE BOSSU.

Gonzague lui saisit les deux mains avec vivacité.

— J’étais venu pour vous prier de cela, dit-il ; au nom de l’homme à qui j’ai voué mon existence entière, je vous remercie, monseigneur… Maintenant j’ai à demander pardon d’avoir parlé trop haut peut-être devant le chef d’un grand État… Mais, quoi qu’il arrive, mon châtiment est tout prêt… Philippe d’Orléans et Philippe de Gonzague se seront vus ce soir pour la dernière fois.

Le régent l’attira vers lui. Ces vieilles amitiés sont robustes.

Un prince ne s’abaisse point pour faire amende honorable, dit-il ; le cas échéant, Philippe, j’espère que les excuses du régent de France vous suffiront.

Gonzague secoua la tête avec lenteur.

— Il y a des blessures, fit-il d’une voix tremblante, que nul baume ne saurait guérir.

Il se redressa tout à coup et regarda la pendule. Depuis trois longues heures, l’entretien durait.

— Monseigneur, dit-il d’un accent ferme et froid, vous ne dormirez pas ce matin… L’antichambre de Votre Altesse Royale est pleine… On se demande là, tout près de nous, si je vais