Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 4-6.djvu/646

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
200
LE BOSSU.

— Ou moi ! prononça froidement M. de Gonzague.

— Vous !… vous ! monseigneur ! s’écria-t-on de toutes parts.

Peyrolles se leva, épouvanté.

— Ne tremblez pas ! reprit le prince qui mit plus de fierté dans son sourire ; — ce n’est pas le bourreau qui a le choix… mais avec un pareil démon… je parle de Lagardère, — qui a su se faire des alliés puissants du fond même de son cachot… je ne connais qu’une sécurité, c’est la terre, épaisse de six pieds, qui recouvrira son cadavre… Tant qu’il sera vivant, les bras enchaînés, mais l’esprit libre… tant que sa bouche pourra s’ouvrir et sa langue parler… nous devons avoir une main à l’épée, un pied à l’étrier… et tenir bien nos têtes !

— Nos têtes ! répéta Nocé qui se redressa.

— Par le ciel ! s’écria Navailles, c’en est trop, monseigneur !… Tant que vous avez parlé pour vous…

— Ma foi ! grommela Oriol, le jeu se gâte… je n’en puis plus !

Il fit un pas vers la porte de sortie. — La porte était ouverte, et, dans le vestibule qui précédait la grand’salle de Nevers, on voyait des gardes-françaises en armes.