Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 4-6.djvu/700

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
254
LE BOSSU.

chapelle funèbre, tournait le dos au duc d’Orléans qui approchait avec sa suite.

Ils se remirent en garde. Ce Gonzague était une rude lame et n’avait à couvrir que sa tête ; mais Lagardère semblait jouer avec lui. À la seconde passe, la rapière de Gonzague sauta hors de sa main.

Comme il se baissait pour la ramasser, Lagardère mit le pied dessus.

— Ah ! chevalier !… fit le régent qui arrivait.

— Monseigneur, répondit Lagardère, nos ancêtres nommaient ceci le jugement de Dieu… Nous n’avons plus la foi…, mais l’incrédulité ne tue pas plus Dieu que l’aveuglement n’éteint le soleil… Dieu rend toujours ses arrêts…

Le régent parlait bas avec ses ministres et ses conseillers.

— Il n’est pas bon, dit le président de Lamoignon lui-même, que cette tête de prince tombe sur l’échafaud !…

— Voici le tombeau de Nevers, reprit Henri, et l’expiation promise ne lui manquera pas… l’amende honorable est due… Ce ne sera pas en tombant sous le glaive que mon poing la donnera…

Il ramassa l’épée de Gonzague.

— Que faites-vous ?… demanda encore le régent.