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Page:Féval - Le Dernier vivant, volume 2 (1873).djvu/395

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LE DÉFENSEUR DE SA FEMME 389

— Ah! Ahl— Vous voilà? — Je ne vous reconnais pas. — Je ne mourrai pas de sitôt, — C'est moi le Der- nier Vivant! : .

En prononçant ce mot avec une orgueilleuse em- phase, il souleva sa tête hâve.

Nous étions muets autour de lui.

Il dit encore :

— Où sont les autres ?— Je ne vois pas Olympe.— Le notaire l'atil tué, le notaire Louaisot? — Cet or-là a bu son pesant de sang! — L'or ne boit que cela. — Aussi comme on l'aime ! — Je veux le notaire, — mon ami Louaisot de Méricourt.— Celui-là n'a ni cœur ni âme, — Il saura se servir du tas d'or pour mal fai

Sa tête se souleva davantage, pendant que ses doigts crispés s'accrochaient au drap du manteau.

Il était effrayant à voir.

Ses yeux semblaieñt grandir dauis le blème hideux de son visage décharné.

A chacune des pauses que je figure par des traits de plume, un râle profond, mais sonore, jaillissait de sa poi- trine. .

Et sa tête montait toujours comme si elle eût été hissée par un mouvement mécanique.

1 reprit d'une voix plus forte :

— Gelui-là saura se servir de mon bien. — Il m'a pro- mis de nourrir les soldats, — d'habiller les soldats, — les soldats, — les braves soldats! — Je suppose cinq cent mille soldats, — prenez quarante sous à chacun, — vous aurez un million ! — quatre francs, deux millions, — huit francs, quatre millions, — et s'ils se plaignent, — moi, j'en ai fait fusiller — qui se plaigaaient 1

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