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Page:Féval - Le Dernier vivant, volume 2 (1873).djvu/397

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LE DÉFENSEUR DE SA FEMME 391

Jeanne lui jeta ses deux bras autour du cou en ré- pondant:

— Oh! je te connais bien ! Mais que je suis heureuse et que je t'aime!

Le lendemain, Lucien reçut de M. le conseiller Fer- rand la lettre suivante :

» Monsieur — je n'ose plus dire ami,

» J'ai cru, je jure que j'ai cru!

» Mais je n'aurais pas dû croire. Pour nous, magis- trats, l'erreur est un crime,

» Jamais plus je ne m'assoierai sur le siége du juge.

» Je vous dois l'explication de l'influence exercée sur moi par cette chère, par cette infortunée femme. Vous avez peut-être deviné. Peu importe.

» J'avais vingt ans. J'étais un étudiant. M. Barnod n'était pas mon ami. Il ne m'avait pas confié sa femme...

» Pour cette faute, j'ai été malheureux toute ma vie.

» Et je n'ai même plus ma fille...

» Adieu! »

En immeubles, titres, valeurs mobilières et argent comp- tant la succession de Jean Rochecotte fut évaluée judi- cisirement à 14,500,000 fr ; mais avec la plus-value des terrains, on peut hardiment porter ce chiffre au double.

Lucien vécut pendant deux ans bien pauvre, avec le produit de son cabinet d'avocat.

Au bout de deux ans, M®* la baronne de Frenoy — la mère du comte Albert, celle-là mème qui voulait guillo-