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CHAPITRE X.

L’AUMÔNE.

Le maître de l’Arbre Verdoyant n’attendit pas que l’on frappât une troisième fois pour quitter son tabouret de vieux cuir et son petit comptoir. Il se rapprocha des groupes agités et menaçants.

— Messieurs, dit-il, — les privilèges de l’université avant tout ; c’est là une chose évidente… Mais si c’est la police, on va jeter bas la porte après la troisième sommation… Je crois qu’il vaudrait mieux ouvrir et parlementer.

— Ouvrez et parlementez, maître Kopp, répondit le poëte Diétrich. — N’oubliez pas de leur dire, surtout, qu’il y a ici de quoi trouer leurs habits et fendre leurs crânes.

Diétrich brandissait un long schlœger, qu’il avait pris derrière le rideau.

Otto et ses deux frères étaient sans armes.

L’arbiter elegantiarum, profitant de la permission donnée, se dirigea vers la porte en méditant une harangue conciliatrice.

Un groupe serré d’étudiants marchait derrière lui, tout prêt à opposer la force à la force. — Diétrich et Michaël étaient les chefs de cette armée résolue, qui dut garder sa vaillance pour une occasion meilleure.

La porte qui s’ouvrit ne montra rien, en effet, qui pût motiver le déploiement de la puissance universitaire. Il n’y avait là ni uniformes au-