Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 1-2.djvu/234

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— Cherchez ! cherchez ! répéta Rodach impétueusement ; songez qu’il s’agit de sa vie !

Le pauvre Hans fit un appel désespéré à sa mémoire.

— Attendez donc !… balbutia-t-il, mon Dieu, je crois pourtant qu’il m’a dit quelque chose !… mais je ne connais rien à tout cela, moi… j’ai beau faire, je ne me souviens pas !

Il se pressa le front à deux mains.

— Attendez donc ! attendez donc ! répéta-t-il, il me semble bien qu’il a dit : « Je vais aller dans la première salle d’armes… »

— Il a dû prononcer un nom ?

— Ce nom, je l’ai maintenant sur la lèvre, s’écria le marchand d’habits, qui faisait des efforts surhumains pour maîtriser ses souvenirs rebelles.

— C’est un nom que j’ai entendu déjà… que je connais !… Quel est le plus célèbre des maîtres d’armes ?

— Grisier ?

— Grisier ! s’écria Hans qui fit un bond de joie.

Rodach respira longuement.

— Depuis quelques heures que je suis à Paris, dit-il, Dieu semble me conduire par la main. Ami Hans, je crois que notre étoile n’est pas tombée du ciel pour toujours.

— Grisier ! répétait le marchand d’habits ; — c’est bien ce nom-là… j’en suis sûr !

— L’enfant sera sauvé, reprit Rodach ; — si c’est lui que nous cherchons, le ciel en soit loué à genoux ! si c’est un étranger, tant mieux pour lui !

Il toucha la main de Hans, jeta le pan de son manteau sur son épaule, et s’éloigna à grands pas dans la direction du boulevard.

Hans voulut lui parler encore, mais il se perdait déjà dans l’ombre lointaine.

On voyait seulement sa haute silhouette noire passer de réverbère en réverbère, et l’on entendait tinter sur le pavé l’acier de ses éperons sonores.

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