Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 1-2.djvu/307

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— Julien, dit-il en rentrant à l’intérieur, vous sentez-vous de force à courir tout d’une haleine d’ici jusqu’au bois de Boulogne ?

— On peut essayer, répondit l’enseigne.

Franz ouvrit brusquement la portière et sauta sur la chaussée ; Julien l’imita.

Puis ils se mirent à courir tous deux à perdre haleine, dans la direction de la barrière de l’Etoile. Au bout de trois cents pas, ils se retournèrent pour voir ce qu’ils avaient pris d’avance sur le fiacre. Le fiacre était à côté d’eux, suivant leur course au grand trot.

L’Arménien et son compagnon s’étaient installés commodément à l’intérieur.

Franz eut une énorme envie de rompre les os au cocher, qui le regardait d’un air goguenard ; mais le temps pressait, et que lui importait cet homme ?…

Il hâta sa course davantage. Quelques minutes après, il franchissait la grille de la porte Maillot.

Julien et lui s’enfoncèrent immédiatement dans le fourré, à droite de l’allée qui conduit à la porte d’Orléans.

Le fiacre s’était arrêté auprès de la grille ; l’Arménien et son compagnon se dirigèrent aussi vers le fourré.

Franz marchait rapidement entre les arbres dépouillés. Il ne connaissait pas précisément le lieu indiqué par Verdier ; mais la lisière du bois située entre l’allée et le mur d’enceinte est si étroite qu’il ne pouvait manquer de rencontrer bientôt son adversaire.

Au bout de quelques minutes de marche, un cliquetis d’épées parvint jusqu’à son oreille.

— Oh ! oh ! fit Julien, il y a partie carrée ce matin à la porte Maillot… À moins que ce ne soit notre homme qui ferraille avec ses témoins pour se faire le poignet.

— Voyons cela, dit Franz.

Il s’élança vers l’endroit d’où partait le bruit, et aperçut bientôt dans une petite clairière deux hommes, l’épée à la main, qui se chargeaient vivement.

— C’est Verdier ! s’écria-t-il.

— Et c’est le cavalier allemand ! ajouta Julien stupéfait…