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CHAPITRE III.

NONO LA GALIFARDE.

Après avoir rôdé pendant une ou deux minutes au-devant de la boutique d’Araby, l’idiot Geignolet s’arrêta derrière un des piliers du péristyle.

Son regard suivait avec avidité chaque mouvement de la petite Galifarde, qui portait la cuiller à ses lèvres. On eût dit un roquet gourmand, en extase devant le déjeuner de son maître.

— Tu avais grand’faim, ma pauvre Nono ! dit Gertraud, qui la regardait manger en souriant.

— Oh ! oui, répondit l’enfant, j’avais grand faim !… et je crois que je mourrais si vous n’aviez pas pitié de moi, mademoiselle Gertraud ; car mon maître devient chaque jour plus avare, et, toutes les fois qu’on me donne du pain, Geignolet me le prend…

— Quand tu as faim, ma pauvre Nono, viens chez nous…

— Je ne peux pas quitter la boutique… Mon maître est bien vieux, mais il a encore assez de force pour me battre… Et puis, pour aller chez vous, ma bonne demoiselle, il faut passer par cette longue allée noire où je rencontrerais Geignolet !

— Tu as donc grand’peur de lui ? dit Gertraud.

La Galifarde frissonna de la tête aux pieds.