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LE
FILS DU DIABLE



CHAPITRE XIII.

LES TROIS ASSOCIÉS.

Le baron de Rodach prononça ces paroles d’un air grave et sérieux, sous lequel perçait néanmoins malgré lui une nuance de hautaine raillerie.

À son apparition imprévue, les trois associés restèrent muets d’étonnement. S’il y avait une règle rigoureusement observée dans la maison de Geldberg, c’était l’inviolabilité de leur bureau privé. Personne n’entrait jamais sans leur consentement formel dans cette pièce dont Klaus avait livré la porte au baron de Rodach. C’était comme un sanctuaire soigneusement réservé, où les chefs de la maison pouvaient tout dire et tout faire, sans craindre le regard curieux de leurs subordonnés. Le caissier lui-même, à qui sa charge donnait pourtant certains privilèges, ne pénétrait point jusque dans ce haut lieu décoré pompeusement par le respect des bureaux du nom de Chambre du Conseil. Quand M. Moreau avait à parler confidentiellement à ses patrons, il s’arrêtait dans la pièce voisine où nous l’avons vu tout à l’heure, et qui communiquait avec la caisse par un escalier particulier.

La chambre du conseil ne s’ouvrait guère qu’aux gens du dehors, aux courtiers de choix qui menaient pour le compte des trois associés des