nonçant le nom d’Ulrich de Bluthaupt ; mais sa physionomie demeura calme et ferme.
— Ce qui me manquait, poursuivit-il, c’était la connaissance de ce qui s’est passé dans cette dernière année… Je suis venu pour m’informer et savoir… le hasard m’a servi et j’ai appris ce que vous auriez voulu me cacher peut-être, les dangers sérieux qui menacent la maison de Geldberg.
— Monsieur le baron, répliqua Reinhold, ces dangers sont plus apparents que réels… en somme, la maison a des espérances magnifiques, qui ne peuvent guère lui échapper.
— C’est justement sur ce point que je désirais vous interroger… mais, encore une fois, pas de réticences, je vous conjure ; vous êtes les plus forts débiteurs de la succession Nesmer, et notre intérêt évident est de vous soutenir… ainsi, regardez-moi d’avance comme un de vos associés, et parlez-moi comme à un homme dont le temps, l’influence et la bourse sont momentanément tout à vous.
Reinhold se leva dans un accès subit de gratitude, et tendit sa main au baron, qui la toucha — Il sentit la main du baron froide et toute frémissante ; mais il n’y prit point garde, et la secoua le plus cordialement qu’il put.
Abel et Mira crurent voir en ce moment un voile de pâleur tomber sur le visage de Rodach.
— Messieurs, s’écria Reinhold en se tournant vers eux, — je pense qu’il ne peut y avoir chez nous qu’un seul avis… l’offre que M. le baron nous fait avec tant de franchise doit être acceptée de même.
— C’est mon opinion, dit le docteur Mira.
Il y avait dans cette conversation beaucoup de choses que le jeune M. de Geldberg ne saisissait point ; mais il crut devoir faire semblant de comprendre, et répéta en s’inclinant :
— C’est mon opinion, et, pour mon compte, j’accepte avec reconnaissance.
— Avec cette aide inespérée que notre étoile nous envoie, poursuivit M. de Reinhold, qui retrouvait sa faconde de beau parleur, — nous sortirons d’un pas difficile et nous parviendrons à nous acquitter envers l’héritier de notre correspondant et ami le patricien Nesmer… Puisque ces