Il se leva et remît sa clef à Rodach avec un solennel salut.
— Ma foi, dit le jeune M. de Geldberg, après un instant de silence, — puisque M. le baron alimente notre caisse, il peut bien en avoir les clefs !
— Soit, ajouta Reinhold ; j’ai, pour ma part, toute confiance en la loyauté de M. le baron…
Il se pencha vers Rodach, et tout en lui présentant sa clef avec beaucoup de bonne grâce, il ajouta tout bas :
— Je désirerais avoir quelques minutes d’entretien particulier avec monsieur le baron, et, si ce n’était abuser de son obligeance, je le prierais de monter à mon appartement avant de quitter l’hôtel.
Rodach accepta le rendez-vous par un signe de tête et tendit la main vers le jeune M. de Geldberg, qui se penchait vers lui de l’autre côté.
— S’il était possible à monsieur le baron, murmura le jeune homme avec rapidité, — de m’accorder un instant d’audience, je serais charmé de le recevoir chez moi, lorsqu’il mettra fin à cette entrevue…
Rodach accepta d’un second signe de tête.
En ce moment on frappa doucement à la porte de l’antichambre, et le camarade de Klaus entra, tenant deux lettres à la main.
Tandis qu’Abel et Reinhold se tournaient vers le domestique, Rodach sentit un doigt toucher légèrement son épaule, et la voix de José Mira lui glissa ces mots à l’oreille.
— J’aurai l’honneur de vous parler dès que nous pourrons nous trouver sans témoins.
Reinhold prit les deux lettres des mains du domestique.
L’une de ces lettres était de Paris. Rodach reconnut de loin, sur l’adresse de l’autre, avec un certain sentiment d’inquiétude qu’il se garda de laisser paraître, le timbre de poste de Francfort-sur-le-Mein…