Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 1-2.djvu/511

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE V.

PAUVRE MÈRE.

Le chevalier de Reinhold resta immobile et comme abasourdi après le départ de Rodach. Les dernières paroles prononcées par le baron avaient mis le comble à son malaise. Rodach avait dit : Je connais cette femme.

Était-ce vrai ? Ce pouvait être vrai. Ce Rodach était assurément un personnage étrange ; il fallait tout craindre dès qu’il s’agissait de lui.

Quelques heures seulement s’étaient passées depuis qu’il était entré dans la maison de Geldberg ; on l’avait vu sortir de terre, pour ainsi dire, et déjà il exerçait sur les trois associés une autorité presque absolue.

Il savait tout : les événements d’hier comme les choses dès longtemps passées. Il avait exhumé des secrets enfouis depuis vingt ans !

Mais, entre toutes les lacunes que M. le chevalier de Reinhold aurait voulu laisser dans l’histoire de sa vie, il en était une qui lui tenait principalement au cœur. Il eût donné bien de l’argent, et même quelques-uns de ses autres secrets, pour cacher certain mystère qui avait trait à la pauvre femme, affaissée là sous le poids de la douleur, dans un coin de son antichambre.

Sa confession générale aurait été longue et chargée. Dans le récit de