Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 1-2.djvu/541

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» Mon Dieu ! tant d’efforts perdus ! tant de fatigues en vain prodiguées, tant de veilles, de sang et de périls !…

» Oh ! j’ai besoin de votre pensée, Lia ; vous dites que vous priez pour moi : priez pour lui.

» Votre prière doit être bonne à l’oreille de Dieu ; je m’attache à vous comme à un ange sauveur, qui me vaudra l’appui du Ciel dans ma tâche ardue.

» Aimez-moi, je vous en supplie ! tout mon espoir est en vous. Quand votre image me fuit, je désespère ; dès qu’elle revient, je crois à la victoire et au bonheur… »

Lia pleurait encore, mais elle souriait à travers ses larmes.

Il y avait sur son charmant visage une joie sérieuse et recueillie.

— Regardez, Petite ! s’écria en ce moment Esther, qui prenait goût à l’épier ; — il me semble qu’elle sourit maintenant !

— Elle sourit comme une bienheureuse ! reprit Sara ; décidément je n’ai vu que le moins intéressant de la correspondance !…

— Et la voilà qui baise le papier ! reprit Esther.

Petite lui arracha la lorgnette des mains et regarda d’un œil avide.

— C’est de l’ivresse ! murmura-t-elle ; — et nous allons la voir se mettre à table tout à l’heure, froide et sévère comme une sainte… Fallut-il y dépenser mille louis, j’aurai toutes vos lettres, mon bel ange ! ajouta-t-elle en fronçant le sourcil ; et je les lirai depuis la première ligne jusqu’à la dernière…