d’un manteau ; autour de son bras était tournée la bride de son cheval, qui paissait l’herbe rare auprès de lui.
Lia n’osa point troubler la méditation de cet homme.
Elle admira durant quelques minutes encore la hautaine grandeur du vieux château, puis elle prit sa route de l’autre côté de la montagne.
Elle avait oublié l’homme de l’avenue.
À deux ou trois cents pas du manoir, elle entendit dans le bois voisin le galop de plusieurs chevaux. L’instant d’après, une troupe composée de sept à huit cavaliers prussiens passa auprès d’elle comme un tourbillon. Sa monture, effrayée, se cabra, elle essaya en vain de la retenir et fut emportée à travers les taillis qui suivent l’arête occidentale de la montagne.
Avant de se perdre parmi les arbres, elle eut le temps de se retourner. — Elle vit les soldats prussiens se diriger, la carabine au poing, vers l’avenue de Bluthaupt.
L’étranger venait de les apercevoir ; il sauta d’un bond sur son cheval, qui partit aussitôt ventre à terre.
Lia n’en vit pas davantage.
Sa course continuait cependant, rapide et désordonnée ; son cheval, qui ne sentait plus le mors, coupait le taillis en droite ligne, et redoublait de vitesse à chaque instant. — Le taillis fut traversé en quelques secondes.
Elle se trouva dans une sorte de lande, plantée çà et là de chênes rabougris, et au bout de laquelle s’étendait à perte de vue une double rangée de hauts mélèzes.
Son cheval courait tout droit vers les arbres.
Sur la lande, il y avait deux ou trois paysans, qui se prirent à pousser des cris de terreur à sa vue.
Mais Lia n’était point effrayée ; elle se tenait ferme en selle et attendait tranquillement que son cheval se rendît.
Elle était sur le point d’atteindre la ligne des grands arbres, lorsque l’étranger de l’avenue sortit du bois tout à coup, et vint à la traverse de sa route.
Il avait pris de l’avance sur ceux qui le poursuivaient, et l’on entendait dans le lointain le galop des cavaliers prussiens.