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mandes, avait repris son train de vie. Chaque semaine, il donnait quelques heures à Lia qui attendait, impatiente, pendant huit grands jours, ces courts instants de bonheur. Le reste du temps, il vaquait à son travail mystérieux.

Il allait on ne savait où. Certains disaient qu’il passait six jours de la semaine dans la ville libre de Francfort-sur-le-Mein, chez le riche patricien Zachœus Nesmer.

Une fois, la pauvre Lia, qui était allée bien joyeuse au rendez-vous de la montagne, attendit en vain pendant toute une journée.

La semaine suivante, il en fut de même ; Otto ne parut point.

Quelques jours après, la nouvelle du meurtre de Zachœus Nesmer arriva jusqu’en ces campagnes reculées.

Lia se rendait chaque semaine sur la montagne, et attendait toujours Otto. — Otto ne venait plus…

La dix-septième année de Lia était révolue. Rachel Muller reçut une lettre du vieux Moïse qui lui redemandait sa fille.

Lia partit bien triste, pour Paris.

Tout lui était inconnu, dans cette grande maison de Geldberg, où elle arrivait dépaysée. Le fragment de lettre que nous avons trouvé sur sa table, nous a initié à ses premières impressions et aux rapports qu’elle avait eus avec ses sœurs.

Lia y parlait aussi de Denise, qui était sa compagne la plus chère. Les deux jeunes filles s’étaient aimées tout de suite, parce qu’elles avaient la même franchise et la même bonté de cœur ; mais l’attachement de mademoiselle d’Audemer semblait combattu par une sorte de répugnance secrète.

Denise se sentait instinctivement repoussée par les autres membres de la famille de Geldberg. Elle n’allait guère à l’hôtel qu’à son corps défendant ; et, dès qu’il fut question de son mariage avec le chevalier de Reinhold, elle cessa complètement ses visites.

Ces dernières circonstances étaient de beaucoup postérieures à la lettre de Lia, qui, du reste, ne sortit jamais de son portefeuille. Lia la remplaça par une autre, adressée au paysan Gottlieb, qui la fit parvenir à Otto.

Otto répondit par le canal de madame Batailleur, et ses lettres parvin-