Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 1-2.djvu/816

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— C’est que c’est ça !

— Eh bien ! s’écria le joueur d’orgue en serrant avec folie le bras de Johann, donnez-moi votre argent, je le tuerai !

— Johann n’était pas en état de sentir tout ce qu’avait d’incertain cette promesse faite par un enfant ivre et en fureur. Il se proclama décidément au fond de l’âme le plus adroit et le plus heureux des négociateurs.

Ses rentes étaient gagnées.

Il attira le joueur d’orgue sous un bec de gaz et lui montra son visage.

— Tu te souviendras de ça, mon fils, lui dit-il ; et nous nous reverrons demain !

Il regagna, content et fier, son cabaret de la Girafe. Une minute après son départ, Jean, qui traversait l’ailée sombre conduisant à la pauvre demeure de sa grand’mère, ne se souvenait plus de lui.

Mais, en revanche, les événements de la soirée restaient obstinément gravés au fond de sa mémoire. La souriante beauté de Franz lui apparaissait dans l’ombre, et le piquait au cœur comme un sarcasme cruel. Sa haine grandissait, envenimée ; sa lèvre murmurait, à son insu, ces mots qui étaient maintenant une sanglante menace :

— Je n’ai rien oublié… rien !…