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CHAPITRE II.

AVANT LE DÉPART.

Quatre ou cinq jours après le départ d’Araby, madame Batailleur quitta sa place du quartier des Frivolités, au plus fort de la vente, pour se rendre en toute hâte sous le péristyle de la Rotonde ; elle venait de recevoir une lettre d’Allemagne.

Ce fut justement vers l’échoppe abandonnée du vieil usurier qu’elle se dirigea.

Elle trouva la petite Galifarde assise sur le seuil, en dehors.

La pauvre Nono semblait plus chétive encore et plus faible que de coutume ; ses yeux rougis se gonflaient à force de pleurer.

Certes, elle était bien malheureuse, du temps que le bonhomme venait tous les jours au Temple ; mais alors elle avait un asile et du pain.

Maintenant, elle n’avait plus rien, et sans la charité de la jolie Gertraud, elle serait morte déjà durant ces cinq jours.

L’échoppe de l’usurier avait un nouveau maître qui lui avait permis jusque-là de coucher dans l’antichambre ; mais, outre qu’Araby avait vendu en partant son pauvre matelas, cinq jours avaient usé la patience hospitalière du nouveau maître de l’échoppe.

Le matin même, il avait déclaré à la pauvre petite fille qu’il lui faudrait chercher un autre abri pour la nuit suivante.