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Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/106

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LE JEU DE LA MORT.

96 LE JEU DE LA MORT.

effort. Son poitrail fendit le courant en ligne presque directe ; durant un instant, Tiennet put croire qu’il allait arriver à bon port.

Et sans doute il en eût été ainsi sans la pro- fondeur des ténèbres, devenues tout à coup plus épaisses.

Tiennet, penché sur la crinière, cherchait à percer l’obseurité, tout en répétant d’une voix brève, par saccades, et sans savoir même qu’il parlait :

— Hop! petit Argent ! hop! hop!

Il lui semblait déjà, soit que ce fût la réalité, soit que ses yeux lassés fussent la dupe d’une espèce de mirage, il lui semblait apercevoir les buissons de la rive, lorsqu'une violente secousse” le jeta de côté.

11 devint pâle, et des gouttes de sueur froide se mélèrent sur son front à la pluie ruisselante.

— Un glaçon!.. murmura-t-il.

Argent nageait toujours.

— Hop! fil Tiennet, qui se remit en selle. Pauvre petit Argent! nous arrivons ! nous arri- vons !

Sa voix était oppressée comme s’il eût reçu lui-même le choc dans la poitrine.

Argent était le compagnon de Tiennet Blône. Tiennet Blône l’aimait.