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Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/107

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PROLOGUE. 97

Dans l’écurie, tous les matins, c’étaient entre eux de longs ébats. Argent répondait à la voix de Tiennet plus joyeusement qu’à la voix de M. Lucien lui-même, son maître pourtant.

A la voix de Tiennet, Argent secouait sa belle crinière blanche comme neige. Il venait à Ticnnet caressant et flatteur ; il frottait sa fine tête contre l'épaule de Tiennet. C'était dans la main de Tiennet qu'il mangcait sa première poignée d'avoine.

Et puis, à crin, sans selle ni harnais, Tiennet sautait sur le dos souple du gracieux animal. Et Argent de bondir dans la cour sur le pavé qui faisait feu ; et Argent de courir comme un che- vreuil, le Jong des grandes allées, sur le gazon mouillé.

Oh! les folles équipées !’ Tiennet et Argent, en sueur tous deux, Tiennet déjeunant au pied d'un arbre, Argent se vautrant dans l’herbe haute, semée de margucrites et de boutons d'or! Tiennet révant, Dicu sait à quoi; Argent se roulant et donnant son ventre au soleil, comme un poulain folâtre qui n’a pas encore eu de fers chauds sous la corne vierge de son sabot.

Tiennet n'avait ni père ni mère, Tiennct n'avait pas de frère, hélas! non plus de sœur,

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