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Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/109

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PROLOGUE. 99

Ses jambes frappaient l'eau convulsivement et sa tête se redressait, fuyant l’'écume avec une sorte d'horreur.

Et ses naseaux, grands ouverts, soufflaient bruyamment.

— Pauvre Argent! disait Tiennet Blône, comme ces mères qui parlent sans savoir, pen- chées sur le bereeau d’un cher enfant à l’agonie, pauvre Argent! nous arrivons. Mon Dieu ! nous arrivons.

Mais ce n’était pas vrai, et Tiennet le savait bien. .

Rien que la nuit, la nuit immense.

Et ce tourbillon d’écume qui n'avait pas de fin.

Et encore le bruit de la chute de Braix qui se rapprochait de seconde en seconde. ’

Car il n’y avait plus à en douter, cheval et cavalier descendaient à la dérive.

Tiennet disait :

— Courage, petit Argent, encore un peu de courage!

Et le vaillant animal, comme s’il eût com- pris la prière de cette voix aimée, redoublait d'efforts.

Au milieu de cette eau froide qui était sous lui et sur lui, son corps brülait.…