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Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/108

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LE JEU DE LA MORT.

98 LE JEU DE LA MORT.

ce bon trésor qui vaut presque une mère!

Tiennet était tout seul, tout seul !

Sauf M. Lucien, qui lui témoignait de l’affec- tion, Tiennet n’avait point d'amis.

Car le capricieux ne voulait pas de l'amour d'Olivette.

Son ami, c'était Argent, le bel Argent, Ar- gent le rapide, qui coupait le vent comme une flèche.

Oh! pauvre Argent et pauvre Tiennet! ce glaçon qui frappait Argent frappait Tiennet au cœur !

Sa main caressa bien doucement l’encolure trempée du cheval.

Il se pencha davantage pour écouter, parmi les bruits de l’eau, du vent et de l’averse, si le souffle d'Argent s’étouffait ou râlait.

"Et il répétait machinalement :

— Nous arrivons, Argent! nous arrivons!

Mon Dieu ! ces buissons qui, tout à l'heure, avaient réjoui sa vue, semblaient s'éloigner et fuir.

Son œil écarquillé ne voyait plus rien, sinon l'écume blanchissante de l'eau qui s’agitait vaguement, qui tournoyait, qui passait.

Argent nageait toujours, mais son mouve- ment n'avait plus cette égalité qui est la force.