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Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/16

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LE JEU DE LA MORT.

Nous sommes sur les confins de la Bretagne et de la France, comme on disait autrefois, à mi-chemin de Rennes et de Laval ; nous avons un pied sur l′Ille-et-Vilaine, un autre sur la Mayenne. Paris est à cent lieues de nous, vers l’est.

En 1828, époque où commence notre récit, cent lieues, c’était assez. Maintenant, c’est bien peu ; les chemins de fer allongent terriblement les faubourgs de Paris.

Paris, la ville chérie et la ville abhorrée !

Paris, qui est le diamant de la France et que la France écrasera !

Paris gagne, gagne ; Paris s’étend. Que Dieu garde la France contre la contagion de Paris ! Mais que Dieu garde Paris, notre beau Paris, notre Paris bien-aimé, contre les rancunes de la France !

Au centre de cette chaine de collines, dont nous avons parlé, et qui va mourir au-dessous de Vitré, les mouvements de terrain s’élèvent et prennent des proportions plus amples. Les vallons se creusent ; les monticules grandissent ; la belle forêt du Ceuil étage ses arbres séculaires sur des rampes rudement taillées, et la lande de Vesvron, qui descend à la Vilaine, montre, parmi ses bruyères rouges, de hauts rochers d’un gris