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Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/15

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PROLOGUE.

Elle l’aimait, ce pays, la délicieuse marquise ; elle le caressait, elle le raillait. En ce temps-là, Paris connaissait la Gravelle, Ernée, Vitré.

La marquise morte, cette gloire s’est évanouie. Vitré, Ernée, la Gravelle, Martigné, — toutes ces capitales ! — sont retombées dans leurs ténèbres.

On dit que les concierges de Ferney ont débité, depuis le dernier siècle, cinquante-trois mille cannes de M. de Voltaire ; nous ne savons pas de quelles reliques fait commerce le garde champêtre d’Ermenonville. Ce qui est certain, c’est que le portier des Rochers n’a jamais vendu une seule bonbonnière de la marquise.

Sévigné, fleur de cour, gracieuse et noble gloire, cela ne prouve point qu’on vous ait oubliée. Cela prouve qu’il y a des contrées heureuses, honnêtes, conservées, et des pays salis par le charlatanisme ; des sentiers verts, et des routes où le pied plat du vulgaire soulève des nuages de poudre. Cela prouve que Ferney est situé dans la patrie des marchands de vulnéraire, et qu’Ermenonville aligne ses atroces peupliers à une course d’ânes de nos magasins de nouveautés parisiens.