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Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/21

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PROLOGUE.

Il allait à la messe dimanches et fêtes à la paroisse de Vesvron. Pendant le sacrifice saint, il se tenait à son banc, debout, droit comme le mât de son ancien navire, immobile, muet. À la quête, il donnait une petite pièce de dix sous. Après la messe, il saluait le recteur curé d’un geste roide et s’en allait tout seul, suivi de loin par sa famille.

Car il avait une famille. Point de frères ni de sœurs, ni de filles ni de fils, mais deux neveux et une jeune personne de seize ans, qui l′appelait aussi mon oncle.

Cette jeune personne, qui avait nom Berthe, était aveugle de naissance. Il l’avait amenée avec lui, on ne savait d’où, lorsqu’il était revenu en 1813.

Ses deux neveux n’étaient point frères : ils ignoraient au juste quel degré de parenté les attachait l’un à l’autre. L’ainé avait trente ans, il s’appelait Fargeau ; le plus jeune n’avait guère que vingt ans et se nommait Lucien.

Dans les environs, Jean de la Mer avait encore une demi-douzaine de parents plus ou moins éloignés, qu’il avait engagés sérieusement à ne jamais le venir voir.


C’était une nuit du mois de décembre, nuit