PROLOGUE. 203
Le souffle de Tiennet s’embarrassait dans sa poitrine.
Quand elle eut achevé son verre, madame Ma- rion le regarda par hasard. Il avait les yeux pleins de larmes.
— Madame! madame! murmura-t-il d'une voix entrecoupée; je vous en prie, ayez pitié de moi!
Naturellement , la rentière ne comprit point.
— Pitié de vous, mon petit homme, dit-elle; tout le monde sait bien que je suis charitable.… mais cinq cents francs... il me semble.
L'espoir lui venait qu’elle pourrait peut-être s’en tirer désormais pour dix francs.
Tiennet joignit les mains.
— Dites-moi que vous n'êtes pas ma mère! s’écria-t-il; car je souffre trop... Dites-moi que vous n'êtes pas ma mère !
Madame Marion fit un saut sur sa bergère et perdit les belles couleurs de son nez.
— De quoi !.… de quoi! fit-elle; sa mère !.… de quoi! votre mère à vous, mon garçon!.… De quoi!.…. des enfants! je n’en ai pas!
Puis, se remettant peu à peu, parce que Tien- net ne parlait plus, elle ajouta en prenant un air de dignité blessée :
— Ce n’est pas un métier ça, mon ami, que