Aller au contenu

Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/268

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

258 LE JEU DE LA MORT.

— Il y a une vipère au château du Ceuil, prononça-t-il si bas que le pâtour eut peine à l'entendre ; quand je vois cette tête chauve cou- ronnée aux tempes de longs cheveux pâles.. ce regard doux... ce faux sourire.

— M. Fargeau tout craché! interrompit en- core Yaume.

— Si Jean Créhu ne meurt pas aujourd'hui, il mourra demain... qu'importe l'heure? Ce que je voulais dire, c’est que Jean Créhu mort, si mademoiselle Berthe est héritière, mademoi- selle Berthe sera assassinée.

La parole s’arrèta dans la gorge du pâtour.

— Assassinée, entends-tu? reprit Tiennet à voix basse mais avec force; il ne s'agira plus seulement de la vipère : Fargeau Créhu de la Saulays; ils seront dix tontre elle... dix cœurs avides et perdus! Je sais bien que M. Lucien l'aime... mais M. Lucien saura-t-il la proté- ger?.. Il est si bon, lui, que l’idée du mal ne peut pas entrer dans son esprit! Il croit à l'amitié de Fargeau. Il croit à tout... et quand les faits l’auront désabusé, il ne sera plus temps!

— C'est donc vrai que M. Lucien aime made- moiselle Berthe ? demanda Yaume.

— 11 faut que tu saches tout ccla, répondit Tiennet; non-seulement M. Lucien aime ma-