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Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/64

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LE JEU DE LA MORT

54 LE JEU DE LA MORT.

l'espoir des faibles et la consolation des malheu- reux comme moi!

— Crois ce que tu voudras, ma fille, dit Jean de la Mer, qui fit un geste de fatigue et prit le volume des Ruines de Volney qui était auprès de Jui sur le guéridon.

— Je ne puis plus lire, dit-il en déposant le livre ; allons ! il paraît que je vais voir bientôt par moi-même ce qu’il y a de vrai dans la croyance des hommes... Fais sonner ma montre, Berthe.

La montre sonna trois heures.

— Le temps marche bien vite cctte nuit, grommela Jean de la Mer.

Puis, comme s’il se fût raillé lui-même, il ajouta :

— Combien y a-t-il de demi-heures dans quatre-vingt-deux années ?

Il renversa sa tête contre le coussin de sa chaiselgngue, ct ramena ses bras sur sa poitrine.

Dans cette position, avec la longue barbe neigeuse qui tombait jusqu’à ses mains jointes, il ressemblait à ces statues de hauts barons, ou- bliées dans les chapelles, qui se couchent, droites et roides, avec un lévrier aux picds, sur le mar- bre incliné des vieilles tombes. ;

Au bout de quelques minutes, un bruit se fit à la porte.