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Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/63

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PROLOGUE.

PROLOGUE. 53

— Une pauvre innocente aussi, ma fille, et que Dieu cruel frappa du même coup... La foudre qui te prit la vuc, Berthe, prit la vie de ta mère.

— Oh!... fit la jeune fille qui mit les deux mains sur son cœur.

— Elle était belle comme toi, jeune, heureuse plus que toi. On la mit dans un linceul blanc avec un boulet de douze au cou... et son tom- beau fut la mer... Toi, je te pris dans mes bras, Berthe, et quand le médecin de bord m'’eut dit : « Elle est aveugle pour toute sa vie, » je te sus- pendis un instant au-dessus du gouffre... Le courage me manqua.. Pardonne-moi, pauvre fille

Berthe songeait à sa mère qui était morte jeune, belle, heureuse.

C'était la première fois que Jean Créhu lui parlait de tout cela.

D'ordinaire, le vieillard était muet sur toutes les choses du passé.

— Mais tu crois en Dieu, toi, Berthe, re- prit-il en donnant à sa voix une inflexion mo- queuse.

— Oh! oui! interrompit la jeune fille qui joignit ses mains ardemment ; je crois en Dieu qui garde l’âme de ma mère... en Dieu qui est

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