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Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/70

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LE JEU DE LA MORT

60 LE JEU DE LA MORT.

— Ce n'est plus guère la peine, c’est vrai. Eh bien! ne chante pas, Berthe, ne chante pas, ma fille.

Berthe traversa la chambre d’un pas chance- lant, et souleva l’épais rideau qui se drapait au devant de la croisée. Dans l’embrasure profonde et large où quatre personnes auraient tenu à l'aise, une harpe était serrée.

Berthe fit rouler la harpe jusqu’au milieu de la chambre.

— Merci, dit Jean de la Mer avec un reste de sécheresse.

Berthe préluda timidement. Ses pauvres yeux étaient pleins de larmes.

Pendant qu’elle préludait, Jean de la Mer prit à la main les deux testaments et les exa- mina à l’aide de sa loupe qui faisait chaque lettre plus grosse que le poing.

Berthe avait bien deviné. Fargeau Créhu de la Saulays était revenu à pas de loup. Son front demi-chauve se collait à la porte.

Son œil était au trou de la serrure.

Et son âme passait en ce moment dans son re- gard.

Sans le bruit de la harpe, on eût entendu le souffle brusque et irrégulier qui faisait bondir sa poitrine.