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Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/71

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PROLOGUE.

PROLOGUE. 61

Fargeau devinait, par cette intuition des ambitieux et des avides, qu’une partic terrible se jouait entre lui et l'aveugle.

Berthe ne s’en doutait même pas.

Elle chantait :

« Comme j'allais puiser de l’eau à la fontaine, les rossignols des nuits disaient d'une voix douce :

« — Voilà le mois de mai qui passe, et les fleurs des haies avec lui.

« Heureuses les jeunes filles qui meurent au printemps !.… »

Jean de la Mer l'avait dit : Berthe avait la voix puissante et pure que doivent avoir les anges.

Cette voix profonde, limpide comme l’eau qui tombe dans le bassin de cristal des fontaines féeriques, allait droit à l’âme et y réveillait le sentiment du beau et du bon, la pensée de Dieu.

Jean de la Mer avait mis sa tête blanche sur un coin du coussin. Il écoutait, et il lisait.

Le premier testament, celui qui contenait quatre grandes pages d'écriture serrée, c'était la nature même du vieux Jean Créhu de la Sau- lays, traduite et transposée sur papier timbré.

C'était son scepticisme orgueilleux et bizarre, son désespoir, le mépris qu’il faisait des hommes.

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