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Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/86

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LE JEU DE LA MORT.

76 LE JEU DE LA MORT.

et M. Lucien était la créature humaine que Tiennet aimait le plus.

— Hardi! petit Argent! dit-il en faisant le tour du château pour gagner l'avenue; nous avons passé l’eau la nuit dernière, nous la pas- serons bien encore cette nuit... N'est-ce pas, petit Argent?

Et il caressait le cou déjà trempé du cheval.

Mais petit Argent ne semblait point partager l’ardeur de son maitre. Il hésitait dans la nuit noire. La pluie battante l'aveuglait, ct il fallait le pousser à chaque pas.

— Oh! oh! fit Tiennet avant d'avoir dépassé le milieu de l'avenue, nous n’allons guère, petit Argent! Toi qui ne demandes qu'à courir d'ordinaire! Parbleu! les gars qui sont restés là-bas à faire la veillée diraient que c’est un signe. Mais moi je me moque des signes, petit Argent! Et il faut marcher, entends-tu, si tu veux que nous restions bons amis!

Il donna doucement de ses deux talons sans éperons dans les flanes du cheval, qui pritle trot pendant deux ou trois secondes et retomba au pas en baissant la tête devant la bourrasque.

On ne voyait pas à dix pieds devant soi, et certes il n’y avait personne dans la campagnc à cette heure de nuit par un temps pareil. Ce ne