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Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/87

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PROLOGUE.

PROLOGUE. 77

pouvait donc être pour poser, comme on dit maintenant, que Tiennet ôta son grand chapeau de feutre et livra sa tête découverte à l’averse chassée par le vent.

— Allons ! Argent, reprit-il en secouant ses longs cheveux ruisselants; hop! hop!

Il y avait un sourire joyeux sur ses lèvres qui buvaient la pluie, et ce vent impétueux qui bat- tait son visage l’exaltait et le faisait fort.

Hélas ! les années viennent et le froid de l’âge viril! Mais qui ne se souvient de cette étrange gaieté qui prend la jeunesse sous les coups de l'orage? Qui ne se souvient de ces luttes folles engagées contre la tempête? L'ouragan se fâche, on rit; la pluie fait rage, on chante. Il y a comme unc fièvre dans tout cela; il y a comme un sauvage transport.

Cette eau du cicl qui fouette le visage en feu, ce vent qui saisit et secoue les cheveux, et qui coupe la respiration en faisant battre le cœur. c’est un jeu; c’est une fête. La pluie, le vent, l'orage, n’ont que des caresses pour les fronts de seize ans.

Hélas ! encore une fois, l’âge vient. Serrez vos manteanx à vingt-cinq ans. À cinquante, n'ayez plus pudeur et ouvrez effrontément vos parapluies.

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