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Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/88

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LE JEU DE LA MORT.

78 LE JEU DE LA MORT.

Car l'orage, ct la pluie, et le vent ne jouent qu'avec la jeunesse ; plus tard, ils frappent tout de bon.

Tiennet Blône n’avait pas encore seize ans.

Il avait souffert déjà pourtant, comme souffre la ficrté ombrageuse, au dedans dü cœur , sans plainte, tout bas.

Cette âme si jeune avait subi plus d’une fois la sourde atteinte du doute et du découra- gement.

Mais à seize ans, la souffrance n'est-elle pas un peu comme la tempête qui secoue ct qui cnivre?

Tiennct avait pleuré parfois. Scs larmes s'étaient séchées en un sourire d’orgucil, comme se séchaient à présent sur son front brülant les larges gouttes de la pluie noc- turne.

Il s'était rcdressé. fanfaron ct sans peur , de- vant les menaces de l’avenir inconnu, et il eût voulu hâter le cours de sa vie, comme il hâtait maintenant le pas craintif de son cheval.

Vivre, vivre, lutter, connaître! Dévorer lé temps! Deviner! Percer ce voile importun qui arrête incessamment la vuc!

Ils ne‘savent pas que vivre c'est vicillir, c’est- à-dire mourir !