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Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/94

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LE JEU DE LA MORT.

84 LE JEU DE LA MORT.

veilleux , n’acceptant jamais l'inconnu en aveu- gle comme ses compagnons, un garçon fait pour parvenir , c’est-à-dire destiné à faire un homme de loi râpé, un vicaire de campagne , ou un sergent-major d'infanterie.

Les observateurs du bourg de Vesvron se trompaient.

Et, au fait, ils n’avaient , pour juger Tiennet Blône, aucun point de comparaison.

Tiennet avait quelque chose en lui qui devait le jeter en avant. C’était une nature d'élite, har- die ct prudente à la fois. Il pouvait se perdre, mais sciemment et avec la conscience de sa chute.

A seize ans qu'il avait, lui, l'enfant de la campagne ignorante, il s'était posé plus d’une question que ne se font point les enfants des villes.

Il avait entrevu la vie.

Car Dieu, qui fait du monde un mystère pour les cinq sixièmes des gens qui vivent au beau milieu du monde, donne parfois à d’autres, à ceux qui végètent loin de la civilisation et du mouvement intellectuel, la faculté prodigieuse de deviner ce grand secret,

Qu’onse rassure! Tiennet n’était point un phi- losophe. Il ne montait pas sur les arbres pour