Aller au contenu

Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/93

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
83
PROLOGUE.

PROLOGUE. 83

grande porte pour sortir sans éveiller les chiens.

Comme aujourd’hui, Tiennet avait pris la direction de Vitré.

Tiennet était beau. A seize ans, on fait de ces nocturnes équipées. C'était peut-être un rendez- vous d'amour.

Point. Tiennet ne savait pas ce que c’est que l'amour.

Il devait aimer sans doute comme chacun en sa vie, mais son heüre n’était pas venue.

Pourquoi donc avait-il forcé Argent, Argent plus sage que lui, à plonger son blanc poitrail dans ce furieux courant de la Vesvre, enflée et large comme une mer?

C'était un étrange enfant que ce Tien- net.

Nul ne le connaissait bien, parce qu'il s’igno- rait lui-même.

Pour les uns, c'était un être mystérieux, sachant, on ne pouvait dire comment, les secrets de chacun et courant la nuit dans un but que nul ne pouvait deviner...

Un sorcier.

Pour les autres, les fins observateurs du bourg de Vesvron, c'était un garcon précoce, découplé à ravir, brave comme un lion, ambitieux un peu plus qu’on ne l’est au village, incrédule au mer-