PROLOGUE. 89
Ceci se passait en octobre.
Tiennet retourna bien des fois à Vitré. Un jour on lui dit :
— Madame Marion revient dans trois jours.
Pour la première fois de sa vice, le cœur de - Tiennct bondit de crainte ct d'espoir.
Il revint au château du Ceuil, où il travail- lait pour M. Lucien, et il attendit,.
Or, dans l'intervalle, la Vesvre débordée ferma les communications entre le château et la ville. Voilà pourquoi, dans la nuit de la veille, Tiennet avait scellé Argent pour traverser l'eau.
IL voulait être à Vitré au petit jour, pour ne pas perdre une seule minute. Et peut-être aussi, car le germe de toutes les délicatesses était en lui, peut-être voulait-il cacher à tous les yeux cette démarche qui était son premier et son grand secret.
Jamais amoureux n'eut tant et de si vives émotions que notre TienncŒ durant ce premier voyage de nuit. Les écluses fermées par la ge- lée ne laissaient à l’inondation qu’un courant presque insensible. Tiennet traversa le lac sans encombre.
Au petit jour, il était dans la rue de la Croix, devant une maison à porche et à bal-
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