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Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 4 - 1850.djvu/250

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242 LE JEU DE LA MORT.

Mais le sommeil est loin. Les paupières en- tr'ouvertes ont vu le grand jour, et la mémoire secouée a dit son mot.

On vit, on se souvient, on souffre.

Lucienne, au lieu de sauter hors de son lit, comme d’habitude, leste et vive, laissa long- temps sa jolie tête sur l’oreiller. Tout ce que lui avait dit Clémence lui revenait ; elle avait peur.

I! fallut la lettre de Mazurke, toujours cache- tée et posée à son chevet, pour lui rendre un peu de cœur. A la vue de la lettre, ses yeux qui allaient pleurer eurent un pauvre sourire.

Ses petits pieds blancs touchèrent le tapis. Elle souleva la mousseline sans broderie qui couvrait les carreaux de sa fenétre.

— Clémence n’est pas encore au jardin, mur- mura-t-elle ; il faut que je la voie pourtant, il faut que je sache tout... tout! Mon Dieu! ajouta-t-elke en regagnant son lit pour passer sa robe du matin, faites que Clémence se soit trompée et protégez notre pauvre mère!

La robe agrafée, et ce ne fut pas long, Lucienne prit ses beaux cheveux blonds à deux mains et les noua derrière sa tête. Puis elle se mit à genoux devant une image de la Vierge que le prètre lui avait donnée le jour de sa première