Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/10

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Ce fut un rude coup. La conspiration rentra sous terre.

Mais la ligue des Frères bretons, antérieure à la conspiration, et qui, en réalité, n’avait plus d’objet politique, continua d’exister et d’agir quand la conspiration fut morte.

C’est le propre des assemblées secrètes de vivre sous terre. Les Frères bretons refusèrent d’abord l’impôt les armes à la main, puis ils cédèrent à leur tour, mais, tout en cédant, ils vécurent.

Vingt ans après l’époque où se passèrent les événements que nous allons raconter, et qui forment le prologue de notre récit, nous retrouverons leurs traces. Le mystère est dans la nature de l’homme. Les sociétés secrètes meurent cent fois.

En 1719, presque tous les gentilshommes s’étaient retirés de l’association, mais elle subsistait parmi le bas peuple des villes et des campagnes.

— Ce qui restait de frères nobles était l’objet d’un véritable culte.

Les châteaux où se retranchaient ces partisans inflexibles de l’indépendance devenaient des centres autour desquels se groupaient les mécontents. Ceux-ci étaient peut-être impuissants déjà pour agir sur une grande échelle, mais leur opposition (qu’on nous passe l’anachronisme) se faisait en toute sécurité.

Il eût fallu, pour les réduire, mettre à feu et à sang le pays où ils avaient des attaches innombrables.

D’après ce que nous avons dit de la forêt de Rennes, on doit penser qu’elle était un des plus actifs foyers de la résistance. Sa population, entièrement composée de