Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

gens pauvres, ignorants et endurcis aux plus rudes travaux, était dans des conditions singulièrement favorables à cette résistance, dont le fond est une négation pure et simple, soutenue par la force d’inertie. Assez nombreux et assez unis pour combattre si nulle autre ressource ne pouvait être employée, les gens de la forêt attendaient, confiants dans les retraites inaccessibles qu’offrait à chaque pas le pays, confiants surtout dans la connaissance parfaite qu’ils avaient de leur forêt, cet immense et sombre labyrinthe dont les taillis reliaient la campagne de Rennes aux faubourgs de Fougères et de Vitré.

Dans ces trois villes, ils avaient des adhérents. Le premier coup de mousquet tiré sous le couvert devait armer la plèbe déguenillée des basses rues de Rennes, les historiques bourgeois de Vitré, qui portaient encore brassards, hauberts et salades, comme des hommes d’armes, du XVe siècle, et les habiles braconniers de Fougères. Avec tout cela, il était raisonnable d’espérer que les sergents de M. de Pontchartrain pourraient ne point avoir beau jeu.

Il y avait au monde un homme qu’ils respectaient tant que si cet homme leur eût dit : Payez l’impôt au roi de France, ils auraient peut-être obéi.

Mais cet homme n’avait garde.

Il était justement, cet homme, l’un des plus obstinés débris de l’Association bretonne, et sa voix retentissait encore de temps à autre dans la salle des États, pour protester contre l’envahissement de l’ancien domaine des Riches ducs par les gens du roi de France.

Il avait nom Nicolas Treml de la Tremlays, seigneur