Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/111

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Mais il n’était point probable, en vérité, que cette révolution d’antichambre eût pu influer en rien sur la conduite ultérieure du riche maître de la Tremlays.

Quoi qu’il en soit, un soir que Didier sortait de l’hôtel de Vaunoy, le cœur tout plein d’espérance, il fut attaqué dans la rue par trois estafiers qui le poussèrent rudement. Il n’avait que son épée de bal, mais il s’en servit comme il faut ; les trois estafiers en furent pour leurs peines et les horions qu’ils reçurent.

Didier, blessé, rentra au palais du gouvernement ; l’affaire n’eut point de suite, parce que le comte de Toulouse quitta Rennes quelques jours après.

Mais ce n’était pas là le seul souvenir du capitaine Didier. Il en avait un autre beaucoup plus humble, qui restait plus avant peut-être dans son cœur. C’était une blonde fille de la forêt dont nous avons déjà prononcé le nom.

En ce moment encore, couché sur l’herbe et bercé par ses méditations, il ne songeait point à Mlle  de Vaunoy, et c’était la pure et gracieuse image de Fleur-des-Genêts qui souriait au fond de sa pensée.

Il rêvait, et ne s’en rendait point compte, à cette douce et chaste tendresse qui avait embelli quelques jours de sa vie quand il était encore presque adolescent. Les Loups, l’impôt, la bataille prochaine, rien de tout cela pour lui n’existait en ce moment. Les arbres de la vieille forêt lui parlaient de sa vision d’autrefois.

— Si elle venait ! murmura-t-il en glissant son regard dans les sombres profondeurs des taillis.