Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/120

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Jude prit cela pour un reproche adressé à sa lenteur et se confondit en excuses.

— Allons ! s’écria le capitaine qui sauta en selle sans toucher l’étrier, j’aurai dormi, sans doute, et fait un beau rêve, car je veux mourir si j’étais pressé de te voir arriver. À propos, et le trésor de Treml ?

— Dieu l’a tenu en sa garde, répondit Jude.

— Tant mieux ! Au château, maintenant, à moins qu’il ne te reste quelque mystérieuse expédition à accomplir.

Il est rare qu’un Breton de la vieille roche sympathise complètement avec cette gaieté insouciante et communicative qui est le fond du caractère français. Cette recrudescence soudaine de bonne humeur mit l’honnête Jude à la gêne, d’autant plus qu’il était occupé lui-même de pensées graves.

Il suivit quelque temps en silence le jeune capitaine qui fredonnait et semblait vouloir passer en revue tous les ponts-neufs anciens et nouveaux chantés au théâtre de la foire.

Enfin Jude poussa son cheval et prit la parole.

— Monsieur, dit-il, mon devoir est lourd et mon esprit borné. Je compte sur l’aide que vous m’avez promise.

— Et tu as raison, mon garçon ; tout ce que je pourrai faire, je le ferai. Voyons, explique-moi un peu ce que tu attends de moi.

— D’abord, répondit Jude, bien que vingt ans se soient écoulés depuis que j’ai mis le pied pour la dernière fois au château de la Tremlays, il pourrait s’y trouver quelqu’un pour me reconnaître, et j’ai intérêt à