Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/125

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changé son visage dodu, rouge et souriant pour qu’il soit besoin de parfaire une nouvelle description de sa personne.

Mlle  Olive de Vaunoy, sa sœur, était une longue et sèche fille, qui avait été fort laide au temps de sa jeunesse. L’âge, incapable d’embellir, efface du moins les différences excessives qui séparent la beauté de la laideur. À cinquante ans, ce qui reste d’une femme laide est bien près de ressembler à ce qui reste d’une jolie femme.

L’expression du visage peut seule rétablir des catégories.

Celui de Mlle  Olive n’exprimait rien, si ce n’est une préciosité majuscule, d’obstinées prétentions à la gentillesse, et une incomparable pruderie.

Elle était vêtue d’ailleurs à la dernière mode, portant corsage long, en cœur, avec des hanches immodérément rembourrées, cheveux crêpés à outrance et poudrés, éventail que nous nommerions aujourd’hui rococo, et mules de cuir mordoré à talons évidés comme l’âme d’une poulie.

La mode n’invente jamais rien. Après cent cinquante ans, ces précieux talons nous sont revenus, plus élevés, plus évidés et non moins ridicules.

La joue de Mlle  Olive était tigrée de mouches de formes très variées, et un trait de vernis noir lui faisait des sourcils admirablement arqués.

Nous passons sous silence le carmin étendu en couche épaisse sur ses lèvres, le vermillon délicatement passé sur ses pommettes et l’enfantin sourire qui ajou-