Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/138

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n’étais pas chargé de la police des rues de Rennes. Maintenant, c’est un officier du roi ; il est mon hôte pour le bien de l’État. Son séjour à la Tremlays a quelque chose d’officiel : la sainte hospitalité, mes enfants, défend formellement de tuer un hôte… à moins qu’on ne le puisse faire en toute sécurité.

Alain et Lapierre firent à cette bonne plaisanterie un accueil très-flatteur.

— Il faut trouver autre chose, continua M.  de Vaunoy.

Maître Alain se creusa la cervelle ; Lapierre fit semblant de chercher.

— Eh bien ? demanda Hervé au bout de quelques minutes.

— Je ne trouve rien, dit le majordome.

— Rien, répéta Lapierre ; si ce n’est peut-être… mais le poison ne vous sourit pas plus que le poignard, sans doute ?

— Encore moins, mon enfant, Saint-Dieu ! c’est une malheureuse affaire. D’un jour à l’autre, le hasard peut lui révéler ce qu’il ne faut point qu’il sache. Et qui me dit d’ailleurs qu’il ne sait rien ? Quelle chambre lui a-t-on donnée ?

— La chambre de la nourrice, répondit Alain. Vous l’avez conduit jusqu’à la porte.

Vaunoy devint pâle.

— La chambre de la nourrice, répéta-t-il en frémissant ; la chambre où était autrefois le berceau ! et je n’ai pas pris garde !

— Bah ! fit Lapierre, une chambre ressemble à une autre chambre… Après si longtemps !