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Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/139

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— C’est évident, appuya le majordome qui dormait aux trois quarts.

Ceci ne parut point rassurer M. de Vaunoy qui reprit avec inquiétude :

— Et ce valet malade ? Il semblait avoir intérêt à se cacher. Quel homme est-ce ?

— Quant à cela, repartit Lapierre, c’est plus que je ne saurais dire. Il tenait son manteau sur ses yeux, et je n’ai même pu voir le bout de son nez.

— C’est étrange ! murmura Vaunoy porté comme toutes les âmes bourrelées à voir l’événement le plus ordinaire sous un menaçant aspect ; je n’aime pas cette affectation de mystère. Je voudrais savoir quel est cet homme ; je voudrais…

— Demain il fera jour, interrompit philosophiquement l’ancien saltimbanque.

— Cette nuit ! tout de suite ! s’écria Vaunoy d’une voix brève et comme égarée. Quelque chose me dit que la présence de cet homme est un danger ou un malheur ! Suivez-moi !

Lapierre fut tenté de répondre que, selon toute apparence, le capitaine et son valet dormaient tous deux à cette heure avancée de la nuit ; mais Vaunoy avait parlé d’un ton qui n’admettait point de réplique.

Les deux serviteurs se levèrent. Vaunoy ouvrit sans bruit la porte de son appartement, et tous trois s’engagèrent dans le corridor qui régnait d’une aile à l’autre.

Après avoir fait quelques pas, Hervé s’arrêta et pressa fortement le bras de son majordome.

— Ils ne dorment pas, dit-il à voix basse en montrant