Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/140

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un petit point lumineux qui brillait dans l’ombre à l’autre bout du corridor.

C’était en effet de la chambre occupée par le capitaine que partait cette lueur.

— Que peuvent-ils faire à cette heure ? reprit Vaunoy ; s’ils s’entretiennent, nous écouterons. Quelque mot viendra bien éteindre ou légitimer ma frayeur. Et si j’ai raison de craindre, s’il sait tout ou seulement s’il soupçonne, Saint-Dieu ! sa mission ne le sauvera pas !

Ils continuèrent de se glisser le long des murailles. Le majordome, qui s’était complètement éveillé, marchait le premier.

En arrivant auprès de la porte du capitaine, il colla son œil à la serrure.

Jude était agenouillé au chevet de son lit et priait, la tête entre ses deux mains. Maître Alain ne pouvait voir son visage.

Au bout de quelques secondes, le vieil écuyer termina sa prière et se redressa. La lumière tomba d’aplomb sur son visage.

Maître Alain se rejeta violemment en arrière.

— Je connais cet homme, dit-il.

Vaunoy le repoussa et mit à son tour son œil à la serrure ; mais il ne vit plus que la mèche rouge et fumeuse de la résine que Jude avait éteinte avant de se jeter sur son lit.

— Saint-Dieu ! gronda-t-il en se relevant. Tu le connais, dis-tu ? Qui est-ce ?

Maître Alain se pressait le front, cherchant à rappeler ses souvenirs.